Le boutre, botry ou botsy en vezo, a été diffusé par les navigateurs arabes il y a plus de 1000 ans. Le terme de boutre recouvre une variété de navires forts différents les uns des autres. On les retrouve de l’Indonésie à Madagascar en passant par l’Inde, la péninsule arabique, Djibouti, le Kenya et les Comores.

Malgré tout, ils possèdent un certain nombre de caractéristiques communes dont les autorités Malgaches souhaiteraient inscrire à l’UNESCO.

Grâce à l’apport de charpentiers bretons, le savoir-faire du bois en matière de haute technologie navale s’est métissé avec les connaissances de charpentiers et compétences locales Malgaches. Cette alchimie fut le résultat d’un apprentissage transfrontalier permettant d’adapter les goélettes bretonnes au contexte insulaire indianocéanique.
Aujourd’hui, Madagascar travaille à une inscription de ce savoir-faire transfrontalier et transocéanique à l’UNESCO, tant l’histoire insulaire est riche sur le sujet avec les communautés les plus diverses.

La communauté des Zafimaniry est la dernière dépositaire d’une culture originale de travail du bois, autrefois très répandue dans toute l’île.

Les Zafimaniry se sont établis au XVIIIe siècle dans une région boisée et reculée au sud-est de Madagascar, pour échapper à la déforestation qui ravageait à l’époque la majeure partie du pays. Aujourd’hui, quelque 25 000 Zafimaniry vivent dans une centaine de villages et hameaux dispersés dans les montagnes de la région.

Depuis des générations, les forestiers, charpentiers et artisans ont développé autour du bois un ensemble de connaissances et savoir-faire. Cette tradition artisanale témoigne du rôle central de ce matériau dans tous les aspects de la vie et de la mort. La maîtrise de la foresterie et de la sculpture sur bois transparaît dans les constructions et les objets de la vie quotidienne. Pratiquement toutes les surfaces en bois (murs, fenêtres, poteaux, poutres, tabourets, coffres, outils) sont richement travaillées. Les Zafimaniry utilisent vingt espèces d’arbres endémiques, adaptées chacune à un type de construction ou à une fonction décorative spécifique. Les maisons et les tombeaux sont assemblés exclusivement par la technique traditionnelle du tenon et de la mortaise, sans clou ni charnière ni autre pièce métallique. Les greniers traditionnels, perchés sur des piliers ronds, sont une particularité du paysage de montagne. Les motifs géométriques extrêmement codifiés trahissent non seulement les origines austronésiennes de la communauté, mais aussi les influences arabes qui imprègnent la culture malgache. Si le nombre de motifs est limité, la créativité des artisans est telle qu’il n’existe pas deux objets identiques. La richesse symbolique de ces motifs est l’expression des croyances et valeurs des Zafimaniry. Par exemple, le tanamparoratra (toile d’araignée) symbolise les liens familiaux, tandis que le papintantely (rayon de la ruche) représente la vie communautaire. Les ornements renseignent également sur le rôle et la position sociale des individus au sein du groupe.

Depuis plusieurs décennies, les Zafimaniry vendent des statuettes et des objets décoratifs ou usuels dans les villes des alentours pour assurer leur survie. Mais cette communauté fragile risque d’être reléguée au rang de simple fournisseur d’objets d’artisanat pour le tourisme. De plus, la déforestation met en péril sa principale source de revenus.

Kevin Lognoné pour INCODEV.